Tout beau, tout bio ? L'envers du décor

Publié le par terroirbio

 

Tout beau, tout bio ? L'envers du décor, de François Desnoyers et Elise Moreau

Le livre | LE MONDE ECONOMIE | 28.11.11 | 15h25   •  Mis à jour le 29.11.11 | 10h35

Il y a des livres à faire. Celui de François Desnoyers et Elise Moreau en est un. En deux cents pages rythmées, les deux journalistes (le premier collabore au "Monde Economie"), livrent une enquête instructive et souvent divertissante. De la naissance d'une filière bio au business bio, en passant par la montée en puissance des coopératives bio, ils nous emmènent autour d'une planète bio en pleine effervescence.

Pourquoi des agriculteurs se lancent-ils dans le biologique ? Les auteurs avancent en effet le chiffre de 22 000 exploitations (bio) en France - sur un total d'environ 500000 dans l'Hexagone.

Pour un agriculteur, l'annonce de sa conversion au bio est parfois vécue comme uncoming out, affirment-ils.

Du côté des consommateurs, le bio a le vent en poupe. Mais la "bio attitude" a aussi ses limites. A commencer par le prix des produits, plus élevé de 20 % à 30%.

 ZONES D'OMBRE

Le monde du bio a également ses zones d'ombre ; les auteurs citent notamment un responsable de la filière bio : le "jus d'orange bio venant d'Espagne (...) a le goût de la sueur des travailleurs sans papiers". Il a aussi ses guerres picrocholines, comme celle de l'ortie - elle a sans doute échappé à beaucoup -, qui concerne l'autorisation de mise sur le marché du purin d'ortie, ou celle sur l'huile de neem, issue d'un arbre tropical, le margousier.

Car les substances employées dans l'agriculture bio ne sont pas toutes inoffensives. Le duo évoque notamment l'importation de soja bio chinois au fort taux de mélanine, celle de concombres égyptiens farcis aux pesticides, ou celle de blé ukrainien arrosé d'insecticides. Le "faux bio" n'est donc pas un mythe, écrivent-ils. Même si "la quasi-totalité des produits mis sur le marché sont conformes au cahier des charges européen".

Le livre montre que la commercialisation des produits bio, en pleine croissance, déjà, évolue. C'est que la grande distribution est passée par là. Les défenseurs d'une ligne bio dure ont mis de l'eau dans leur vin sans sulfate.

Mais qu'on se rassure, écrivent les auteurs : "Les pommes piquées par des oiseaux ou talées ont encore toute leur place dans les étals."


par Philippe Arnaud

 

Tout beau, tout bio ? L'envers du décor, de François Desnoyers et Elise Moreau. Editions de l'Aube, 216 pages, 16 euros.


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